Ouvrir des portes

Voici comment ça se passe, comment ça s’est toujours passé, lorsque j’écris une chanson avec Stéphane. Il faut d’abord ouvrir une porte : ce peut être un mot, une phrase, un thème, un titre ; c’est bien plus souvent une mélodie, qui donne la direction et dit, déjà, où il faut aller. Derrière, il y a un couloir à traverser, à tapisser de mots jusqu’à atteindre cette petite lueur qui, tout au bout, attend. Pour cela, il me faut voler un peu de temps, renoncer à quelques heures de sommeil, ou me rendre indisponible pour mes enfants – le moins possible. Elles comprennent : parfois, elles aussi ont mieux à faire et ne sont pas disponibles pour moi. Ce n’est pas très long, de toute façon : si des mots doivent venir et une chanson prendre forme, c’est assez vite, sinon il ne faut pas insister. Et ces heures soustraites au cours ordinaire des choses sont très agréables. Je suis face à mon écran et je passe un moment avec mon frère. Voilà le moyen que nous avons trouvé pour être ensemble, proches et complices, alors que nous avons toujours mené des vies différentes, éloignées à bien des titres.

Pourquoi les choses se seraient-elles passées autrement pour ces Funambules ? C’est évidemment un projet à part pour lui, qui correspond à un point de bascule majeur dans sa vie personnelle comme professionnelle, et dont la générosité, l’humanité, l’adhésion qu’il suscite et les moments de partage qu’il fait naître me ravissent. Mais rien, au fond, n’était différent pour nous : il fallait juste ouvrir quelques portes de plus pour faire de nouvelles chansons, et rien n’aurait pu nous priver de ce bonheur.
François Corbin.
Auteur nocturne, père indigne et ouvreur de portes closes pour les Funambules

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